(Texte
écrit en 1996.)
Il
était très tôt le matin, il faisait encore noir. Il pleuvait, de
cette pluie fine qui est si dangereuse. Nous roulions depuis des
heures. Tous les mystérieux accidents qui surviennent en Espagne
nous effraient tant que nous préférons la traverser la nuit. Nous
avions fait ce voyage tant de fois, que nous en connaissons presque
chaque virage.
Toutes ces
années, sur cette même route, nous avions vu tellement d'horreur,
de malheur, de pleurs. Dans ce cadre déplorable, quelque chose
d'inattendu survient chaque fois. Dans notre monde où guerre
et peur sont notre lot quotidien, ou cris d'horreur et pleurs font
tous les jours la Une des
journaux, survient quelque chose que nous ne pouvons presque pas
imaginer car nous vivons dans un monde où l'humanité
n'est plus à la
mode et
où compatir
n'est pas toujours bien vu. Aujourd'hui ce sont des expressions comme
“œil pour œil, dent pour dent”, “chacun pour
soi et Dieu pour tous” où “chacun
sa merde” qui sont plus connues et que l'on entend a chaque
coin de rue. Mais parfois, à certaines
occasions, on se rend compte que l'homme est humain, que l'homme est
homme et qu'il se rend digne d'habiter notre planète.
Ce
moment dont je parle, c'est le moment ou l'on agit spontanément,
humainement, car nous sommes tous frères d'une même mère, notre
Planète, la Terre.
Ce
jour-là,
j'ai eu l'honneur d'assister à un
tel événement où l'homme agit fraternellement,
responsablement. Je parle ici de solidarité.
Nous
faisons le virage à droite.
Nous roulons prudemment car le temps est dangereux et ne nous permet
pas de dépasser les cinquante kilomètres-heure.
Juste après un autre virage à gauche,
puis à droite,
et là,
nous freinons vite. Vite. Avec cette pluie, la voiture glisse. Mon
père, qui conduisait la voiture, commence à zigzaguer pour ne
pas frapper la voiture qui nous précède. La voiture stoppe. Nous
l'avons échappé belle.
Mais que se passe-t-il? Pourquoi ce bouchon? Pourquoi toutes ces
voitures sont-elles arrêtées? Qu'est-il arrivé?
Tout a coup, je vois mon père sortir de la voiture sous la pluie de
plus en plus violente. Tout a coup, je le vois agiter les bras pour
prévenir les voitures qui nous suivent qu'elles doivent
s'arrêter, vite, avant que tout ne s'aggrave. Je ne comprenais pas
ce qui se passait. Je questionnais ma mère. Mais la seule réponse
qu'elle me donne est de rester dans la voiture bien sagement et de
faire bien attention à ma
sœur, qu'elle reviendrait vite. Je sortis de ma confusion par les
cris des gens qui accouraient, ils arrivaient tous de derrière moi.
Mon esprit commençait à s'éclaircir,
je commençais à voir
ce qui se passait sous un autre angle, je commençais à comprendre:
une formidable organisation se mettait en place très rapidement et
presque professionnellement.
Il est étrange de parler de cette
façon-là d'un
accident; nous étions face
à l'horreur.
Et les gens ont réagi et agissent.
Sur le moment, on est sous le choc, on ne pense qu'au malheur, mais
ensuite on pense aux sauveurs.
Ce qui s'était passé n'était
la faute d'aucun humain, mais celle de mère
nature:
une famille qui partait en vacances et qui en resterait marquée
toute sa vie. La voiture tractait une caravane, et sur cette même
voiture, il y avait une galerie. La pluie fine si dangereuse avait
fait glisser le véhicule. L'une des roues arrière était
dans le ravin, la voiture tenait en équilibre, on ne sait par quel
miracle. La caravane était sur le toit en travers de la route et
bloquait la circulation. Quant
à la
galerie, elle s'était détachée et avait frappe la falaise qui
bordait l'autre côté de
la chaussée.
Les gens qui n'avaient pas été impliques dans
l'accident s'étaient divise les
taches: quelques personnes s'occupaient des passagers du
véhicule, deux hommes armes de leurs extincteurs de voiture
tentaient d'éteindre le feu au niveau du moteur, une famille en
voiture partit appeler les secours, et les autres personnes réglaient
la circulation rendue difficile par l'accident, ils faisaient passe
tour à
tour
les voitures qui descendaient la falaise puis celles qui remontaient,
afin d'éviter d'autres accidents. Et tout ceci sous la pluie
battante.
Les secours sont finalement arrivés.
Les pompiers commençaient à découper
le véhicule afin d'en sortir le conducteur dont les jambes avaient
été broyées par le moteur dans la collision de la voiture avec la
falaise. Les enfants étaient blottis dans les bras de leur mère,
tous trois entoures des
ambulanciers qui constataient les blessures légères. Et la
grand-mère qui, secouée par le choc, continuait d'appeler le chat
qui s'était enfui.
La caravane avait été dégagée. Les débris
de la voiture et la galerie avaient été remorques jusqu'à une
casse et toute la famille était à l'hôpital.
Et moi, petite fille de huit ans, je regardais le film qui se
déroulait devant moi et je pleurais. Aujourd'hui, dix ans après, je
pense au malheur qu'a vécu cette famille et a la solidarité de
leurs sauveurs.
Obviously, the wording could be different and improved, but I quite still agree with the big picture here.
I remember I was very proud of myself the day I wrote it and it was the first (and I dare say only) text I had my parents and peers read, and if it's in this post today, it might very be because I still fell a tad of this pride "looking" at my-20-years-ago-self.
About the text itself, I still think it is quite accurate and I think of what made me write it: I imagined my parents deserved to be remembered as heroes of that day, because through my 8-years-old-eyes, this is exactly what they were, and maybe that's why the picture was so well ink-printed in my mind, that feeling of pride that filled my heart up.
Today, I still think of that day as the day I really saw my parents. I also believe that in some way, this led me in the path that is my life to be the person I am, and maybe even, led me to be a volunteer EMT-Firefighter.
This text is 18 years old and still makes me think.
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